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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

Feucherolles, Néron. 1994/1996. A la recherche du Lancaster abattu.

Berlioz et Niclot....

Ces deux-là faisaient la paire.

Un nom de duo à figurer dans un album de Tintin.

Je les ai connus fin mai 1994, à Bréchamps.

Je les avais croqués dans un portrait.

Lire sur ce blog :

Berlioz et Niclot, les archéologues de l'aviation.

Et, je ne les ai jamais perdus de vue.

Certains municipalités de notre canton leur doivent d'avoir retrouvé les aviateurs tombés en mai/juin/juillet 1944, et d'avoir pu reconstituer leur histoire.

Feucherolles (Néron) avait déjà été marqué en juin 1940...

... Par d'épouvantables combats. Où était engagé le 26e Régiment de Tirailleurs Sénégalais.

Le 16 juin 1940, le 1er bataillon du 26ème Régiment de Tirailleurs Sénégalais résiste héroïquement aux troupes allemandes au hameau de Feucherolles. Du côté français, on relèvera 40 morts, dont 30 africains, et 1 seul du côté allemand.

 

"Dès 10 heures, l'ennemi se concentre devant les P.A. de Feucherolles et une heure plus tard lance une première attaque. Les défenseurs des P.A., encerclés et assaillis par des vagues successives se défendent avec acharnement. La compagnie du capitaine Allard, la plus-en pointe vers le nord-est, est décimée. Le capitaine est mortellement atteint, quelques agents de transmission, à pied ou à moto, réussissent à maintenir, tant bien que mal, la liaison entre le bataillon et le régiment ; la portée des postes radio étant insuffisante pour garder un contact par ce moyen. À 16 heures, le 1er bataillon cycliste de la 1re D.C., appuyé par les feux d'une batterie de 105 Bofors, lance un dernier assaut sur le saillant nord-est, en direction du carrefour central de Feucherolles.

La position est submergée et la compagnie Allard anéantie. Le capitaine, le lieutenant Sabatier, huit sous-officiers et soldats métropolitains, trente-deux sous-officiers et tirailleurs sont tombés. La plupart des blessés sont capturés. Des tirailleurs isolés tentent de rejoindre Bouglainval par les bois ; ils y mourront ou y seront abattus. Bien des années après, on découvrira des corps et des armes dans ces bois.

À l'ouest de Bouglainval, enlevé par l'ennemi après que Feucherolles ait succombé, le 2/26e R.T.S. résiste jusqu'à la tombée de la nuit."

 

En mai 1944...

C'est une toute autre chanson...

Les bombardements alliés succèdent aux bombardements alliés.

Et certains avions chutent dans les champs, soit pour s'être faits abattre par la D.C.A. allemande, soit pour avoir été descendus par un avion de chasse allemand.

Mais lisons plutôt l'article de L'Action Républicaine sur la cérémonie du 8 mai 1996 :

"Depuis mercredi, à Feucherolles, hameau de Néron, le monument aux morts est un peu différent. Une plaque rappelle les noms des 7 membres d'équipage du Lancaster, qui s'est écrasé dans la nuit du 3 au 4 mai 1944.

Une petite couronne artificielle de coquelicots est posée à côté de la gerbe commémorative. Tradition britannique oblige !

"Ce monument aux morts est en fait dédié aux morts de la 8e division d'infanterie coloniale - en majorité des Sénégalais - qui couvraient la retraite de l'armée française. 42 d'entre eux ont été tués entre le 15 et le 16 juin 1940. C'est ce qu'on nomme la bataille de Feucherolles" rappelle Alain Van Steenwinckel, maire de Néron.

Mais pourquoi avoir attendu 1996 pour honorer les disparus du Lancaster ?

L'histoire remonte à août dernier, ou plutôt au jour même de la chute du Lancaster dans le champ de M. Maury, habitant de Néron, qui déclare :

"J'ai toujours su qu'il était là. Je l'ai vu tomber. Je suis même venu le lendemain matin sur les lieux."

Mais, depuis 10 ans, des acharnés d'histoire de la Seconde guerre mondiale, sous la direction de Jean-Pierre Niclot et de Jean-Paul Berlioz, tournent et retournent l'énigme dans leurs têtes, creusent et recreusent le dit champ.

Et puis, le 14 août 1995, Berlioz et Niclot, accompagnés de Jean-Luc Grison et de Jean-Jacques Lecuyer, sous l'oeil attentif de M. Maury, creusent un peu plus loin. Et c'est... La découverte. Des ossements humains, certes, mais aussi les restes calcinés d'un parachute, de ses boucles, d'un sifflet, d'une trousse de couture, d'un stylo et de la fermeture éclair d'un blouson.

Berlioz et Niclot exultent. Ils ont enfin la confirmation de leurs recherches.

Toute 'histoire a débuté en avril 1944. Le Bomber Commandant de la Royal Air Force exécute ses missions préparatoires au débarquement qui doit avoir lieu en juin. 

"C'est dans ce cadre, explique Jean-Pierre Niclot, qu'est attaqué, dans la nuit du 3 au 4 mai, le camp militaire de Mailly, où se trouvent concentrées les unités blindées allemandes à l'entraînement ou en cours de reconstitution."

Les alliés vont mettre le paquet : 346 Lancasters et 16 Mosquitoes participent à la mission. Le contrôleur de l'opération est la Wing Commander Deane avec pour supplément éventuel le Squadron Leader Sparks. La chasse allemande est sur les dents. 

Et, c'est vers 0 h 45, en retard sur l'horaire prévu, que le dernier Lancaster, celui de Sparks, va quitter Mailly pour être abattu quelques instants plus tard. 

Niclot a retrouvé le pilote allemand, Martin Drewes, qui a descendu le Lancaster. Aux commandes de son Messerschmitt. La lettre vient du Brésil. Et est éloquente : "L'appareil qui est tombé près de Dreux était le dernier des 5 que j'ai abattus cette nuit-là."

Alors...

Mercredi 8 mai à Néron, le Wing Commander Gunner, attaché de l'air adjoint auprès de l'ambassade britannique à Paris, ainsi que le président honoraire de la RAF pour la zone européenne, M. Guidot, sont venus rendre hommage aux membres de l'équipage du Lancaster. Une exposition remarquable a été organisée, à grand renfort de documents, dans la petite salle polyvalente du village.

Mme Guidot, elle, garde la mémoire des coquelicots. Ces fameux coquelicots des champs de Flandres qui ont vu de terribles batailles lors de la Première guerre mondiale, et, où beaucoup de Britanniques ont perdu la vie.

Elle la garde tellement cette mémoire des coquelicots qu'elle lit et relit, en français ou en anglais, à chaque cérémonie commémorative, le poème de Laurence Bynion, dont la strophe principale est entourée de ... coquelicots :

"Ils ne vieilliront pas comme nous qui restons, 

Et ils ne seront pas condamnés par les années qui passent, 

Chaque soir au coucher du soleil et chaque matin, 

Nous nous souviendrons d'eux."

 

Liliane Langellier

 

 

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