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Chez Jeannette Fleurs

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Henri Salmide. Le soldat allemand qui a sauvé Bordeaux par amour...

Par amour, un soldat allemand a sauvé Bordeaux de la destruction

Henri Salmide, sous-officier de la marine allemande à Bordeaux, pendant la Seconde Guerre Mondiale, a empêché la destruction des quais de la ville sur plus de 12 kilomètres.

Jusqu’où iriez-vous par amour ? Henri Salmide, soldat allemand durant la Seconde Guerre Mondiale, est allé jusqu’à désobéir à ses supérieurs pour empêcher la destruction de toutes les installations portuaires et les quais de Bordeaux sur douze kilomètres. Selon plusieurs historiens, il aurait réalisé ce geste par amour pour Henriette, une bordelaise qu’il a rencontrée lorsqu’il était soldat.

Erwan Langeo est guide à Bordeaux, spécialiste de la période 1940-1944 dans la capitale girondine. Il a écrit un livre sur l’histoire du jeune officier, et a même pu le rencontrer avant que l’ancien soldat allemand ne meure en 2010 à l’âge de 90 ans.

Un jeune officier de la marine

Jeune sous-officier de la Kriegsmarine, la marine de guerre allemande lors de Seconde Guerre Mondiale, Henri Salmide porte encore ses noms et prénoms allemands, Heinz Stahlschmidt, lorsqu’il débute sa carrière militaire sur des navires, en 1940.

Mais ce départ en mer tourne rapidement au cauchemar : lors de sa première année dans la marine allemande, il survit à trois naufrages de navires.

« Les trois naufrages se sont déroulés près de la Norvège. C’était incroyable qu’il soit encore en vie, raconte Erwan Langeo. À chaque fois, il s’est retrouvé dans une mer très froide, au milieu du mazout ». Selon lui, « c’est grâce à sa bonne santé que son corps a tenu et qu’il est parvenu à survivre. »

Suite à ce traumatisme, il demande à sa hiérarchie d’être muté sur la terre ferme. « Après un bref retour en Allemagne où il démarre une formation dans les explosifs, il est alors muté à Bordeaux », précise l’historien.

Des leçons d’artificier qui lui seront plus qu’utiles, quelques années plus tard…

Le sauveur de Bordeaux

1944, la fin de la guerre approche. Depuis le débarquement en Normandie le 6 juin et l’opération Anvil Dragoon en Provence le 15 août, la Wehrmacht (armée allemande) est en déroute.

Pour ne rien laisser aux alliés, le dictateur Adolf Hitler demande à ses soldats d’appliquer la politique de la terre brûlée.

Erwan Langeo rapporte : « à Bordeaux, le port, les chantiers de la Gironde, les docks, l’entièreté des quais et des navires étaient alors voués à disparaître dans un feu d’artifice d’explosifs. Et c’est le commandement allemand qui nomme Heinz Stahlschmidt, maître-artificier de la Kriegsmarine pour détruire les installations. »

Horrifié à l’idée d’anéantir les quais de Bordeaux, il va désobéir et empêcher la catastrophe. Mais pourquoi ? 

Dans le même temps, Heinz Stahlschmidt contacte l’un des chefs FFI (Forces françaises de l’intérieur) de Bordeaux et lui propose de faire sauter le blockhaus dans la rue Raze sur les quais des chartrons où se trouvaient les explosifs.

« Les résistants se méfiaient de lui, ils pensaient que c’était un piège. Alors aucun ne se décide à faire sauter le bunker. Finalement c’est Heinz qui décide d’agir lui-même. »

Il décide de lancer son opération pour le 22 août 1944.

Dans la soirée du jour-J, le jeune soldat allemand se rend au blockhaus et fait exploser les détonateurs ainsi que les charges. Par cette action héroïque il aurait sauvé la vie à 3000 Bordelais.

« C’est une estimation au vu du nombre d’habitants qui vivaient près des quais et de ce qu’il s’est passé dans les ports de Nantes et de Boulogne, complètement détruits », précise l’historien.

 

Après la guerre

Il trouve refuge dans une famille bordelaise jusqu’à la fin de la guerre. « Il y avait des résistants qui voulaient l’aligner contre un mur pour le fusiller. Ils ne voulaient pas d’Allemands à Bordeaux. »

L’ancien sous officier réussit à se faire protéger par les autorités françaises qui lui fournissent une fausse identité.

Après avoir retrouvé son nom d’Heinz Stahlschmidt en mars 1946 et un bref retour en Allemagne où il était pointé du doigt comme un traître, il revient à Bordeaux auprès de sa bien aimée Henriette.

« C’est un retour gagnant ! Il réussit à obtenir la nationalité française en 1947, prend le nom d’Henri Salmide et devient pompier. Un métier dans lequel il se fera remarquer, notamment lors des incendies des Landes en 1949. »

Erwan Langeo confie que l’ancien soldat allemand a de nombreuses fois sollicité les présidents de la République ainsi que le maire de Bordeaux Jacques Chaban-Delmas pour obtenir la légion d’honneur en guise de reconnaissance.

Médaille qu’il recevra en 1995 pour ses actes de services civils en tant que pompier.

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