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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

L'amie prodigieuse. La tétralogie.

C’était la vie, un point c’est tout : et nous grandissions avec l’obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile.

Finir un livre...

C'est toujours une forme de deuil...

Alors... 

Quatre livres, pensez donc !!!!!

Et ces quatre-là !

2214 pages.

D'Elena Ferrante.

Lues en 12 jours.

Une immersion totale.

Une immersion absolue.

Une immersion vouue.

Dans la Sicile...

Dans la banlieue pauvre du Naples des années cinquante.

Avec la poussière de ses rues, sa chaleur torride, les hommes qui traînent devant les cafés, les voitures qui klaxonnent dans les encombrements...

Les femmes qui hurlent après leurs maris, les maris qui battent leurs femmes... Les enfants qui piaillent, le linge qui sèche aux fenêtres...

Les gens qui s'engueulent en dialecte.

Et...

Pur moment de grâce...

Deux petites filles et leurs poupées.

Elena [Lenù] Greco et sa jolie Tina...

Lila Cerullo et sa poupée de chiffon, Nu.

Là où Lenù est blonde, douce et ronde, Lila est brune, mince et dure.

Tout commence à cet instant précis...

Quand Lila jette la poupée d'Elena par le soupirail de la cave de leur immeuble.

Et qu'Elena, furieuse, y jette aussi sec Nu.

Le duo est formé.

Pour le meilleur et pour le pire.

Et la compétition sera rude.

A commencer par l'école :

"Mais elle devint moins vive, surtout en classe, sans doute parce qu'elle se rendit compte que Mme Oliviero ne chantait plus ses louanges, et était même parfois agacée par ses excès de bravoure. Quand ce fut la compétition de fin d'année, elle finit quand même la première, mais sans son côté effronté d'autrefois. A la fin de la journée, le directeur soumit les élèves restés en lice - à savoir Lila, Gigliola et moi  - à  un problème très difficile qu'il avait inventé lui-même. On peina, Gigliola et moi, sans résultat. Lila, comme d'habitude, réduisit ses yeux à deux fentes et s'appliqua à la tâche. Elle fut la dernière à capituler. Elle annonça d'un ton timide, inhabituel pour elle, qu'il était impossible de résoudre ce problème car il y avait une erreur dans l'énoncé, mais elle ne savait pas où. Tonnerre de Zeus ! Mme Oliviero lui passa un énorme savon. Je voyais Lila au tableau, toute menue, la craie à la main et très pâle, assaillie par des rafales agressives. Je souffrais pour elle, je ne supportais pas la vue du tremblement de sa lèvre inférieure et j'étais sur le point d'éclater en sanglots."

Voilà...

En ces quelques phrases est dressé tout le thème du roman.

Lila se veut la première partout.

Et cette compétition l'habitera toute sa vie.

Les petites filles sont pourtant toutes deux de familles pauvres.

Très pauvres.

Au point de ne pas avoir l'argent pour acheter les livres d'école.

Mais les parents de Lenù accepteront - non sans mal et grâce à l'intervention de son institutrice - qu'elle suive ses études, à l'école, au collège, puis au lycée.

Tandis que Lila sera priée de venir travailler dans la cordonnerie de son père,  Fernando Cerullo, avec son frère, Rino.

Rage et frustration.

Vengeance.

Pour ces deux gamines, il n'y a que deux seules façons de sortir de la misère : épouser un homme riche ou faire des études.

Lila sera la plus belle du quartier, la plus courtisée par Marcello et Michele Solara, les fils mafieux du patron du bar-pâtisserie.

Mais elle finira, très jeune (16 ans à peine) par épouser Stefano Carracci, le fils de l'épicier.

Qui lui fait un pont d'or pour ses fiançailles et pour son mariage.

Là voilà, la jolie poupée, dans un appartement neuf avec salle de bains.

Mais, forcée de subir les assauts sexuels d'un mari qu'elle n'aime pas.

Ou qu'elle a peu aimé.

Lenù, elle, va quitter le quartier...

L'espace d'un été...

Pour aller prêter main forte à Nella, la soeur de son institutrice.

Dans la superbe île d'Ischia.

C'est là qu'elle revoit la famille Sarratore.

Donato, le père, cheminot et poète, qui, à ses heures perdues, écrit dans les journaux.

Mais surtout, surtout, Nino, le fils.

"Nino arriva dans la soirée. Grand, très maigre, chemise bleue, sac sur l'épaule, il ne manifesta pas la moindre émotion de me découvrir à Ischia...

Et puis, le dernier soir, à la plage...

[...] "Nous ne nous étions jamais effleurés, ce contact me brûla les doigts et je lâchai aussitôt son bras. Il se pencha et m'embrassa sur les lèvres - un baiser tout léger."

Voilà que notre Lenù tombe en amour fou !

Mais c'est Donato, le père, qui va oser vraiment l'embrasser et la caresser, une nuit, sur son petit lit de camps dans la cuisine.

Lenù est très amoureuse, certes, mais elle n'a pas du tout écouté ce que lui a dit Nino :

"Un soir, dès que nous fûmes seuls, Nino me dit de but en blanc que, lorsqu'il était gosse, il avait beaucoup envié ma relation avec Lila. Il nous voyait au loin, toujours ensemble en train de bavarder, et il aurait voulu être ami avec nous, mais il n'en avait pas le courage. Puis il sourit et dit :

"- Tu te rappelles quand je t'ai fait ma déclaration ?

 - Oui.

- Tu me plaisais beaucoup.

Je piquai un fard et susurrai bêtement :

"Merci.

- J'imaginais qu'on se fiancerait et qu'on serait toujours ensemble tous les trois : toi, ton amie et moi."

Toute la trame de ce roman en 4 volumes est là.

Et les autres personnages - longuement décrits - ne servent que d'arrière-plan à cette folle histoire d'amour/amitié.

Qui est la plus géniale ?

Lila qui est restée toute sa vie au quartier...

Sans même prendre un train ou un avion.

Mais qui a su en devenir un vraie petite reine.

Ou Lenù qui, après l'Ecole Normale de Pise, vivra à Gênes, Milan, Turin et voyagera dans le monde entier.

Epousera un universitaire de renom et aura une fille de Nino.

Elle est très très forte, Elena Ferrante...

Car, une fois le dernier volume fermé...

Il est bien impossible de dire si Lila veut du bien ou du mal à Lenù.

Si elle la jalouse ou si elle la pousse à toujours se dépasser.

Bon ange ou démon ???

C'est selon.

A vous de choisir.

 

Liliane Langellier

P.S. Les différents titres du roman dans les différentes langues :

- L'amica geniale,

- My brillant friend,

- La Amiga estupenda,

- Meine Geniale Freundin.

 

 

Elena Ferrante en chiffres...

 

Elena Ferrante, traduite en 42 langues, a vendu cinq millions de livres à travers le monde. Jean-Charles Grunstein, directeur des ventes chez Gallimard, ouvre son livre de comptes :

« L’Amour harcelant, son premier roman, s’est vendu, surtout depuis peu, à 63 000 exemplaires.

Les Jours de mon abandon s’est écoulé à 4 300 exemplaires en grand format, 88 000 en poche.

En 2014, L’Amie prodigieusetome 1, ne décolle pas, avec 11 000 de ventes.

En 2016, le tome 2, Le Nouveau Nom, s’est vendu à 130 000 exemplaires en grand format, puis 300 000 en ‘‘Folio’’. Les ventes, l’été dernier, atteignaient 2 500 exemplaires par semaine… Le tome 1 reprend alors de la vigueur : 46 000 en grand format, 640 000 en poche.

Depuis le 3 janvier, jour de parution du tome 3, Celle qui fuit et celle qui reste, 170 000 exemplaires ont été écoulés.

Gallimard a vendu 1,3 million d’exemplaires de la saga L’Amie prodigieuse. Et ce n’est pas fini : les trois tomes sont en tête des ventes, devant le retour de la saga Malaussène, de Daniel Pennac. »

 

26 janvier 2017.

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