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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

« Le Pillage des appartements juifs : l’“Opération Meuble” », l’autre rafle...

« Le Pillage des appartements juifs : l’“Opération Meuble” », l’autre rafle...

Le réalisateur Cyril Denvers éclaire cet épisode méconnu de la Shoah.

 

Moins connu que la spoliation des œuvres d’art, le pillage des biens juifs par les nazis n’a pas été improvisé pour autant. Il porte un nom : l’« Opération Meuble ». Concentrée en France, en Belgique et aux Pays-Bas, cette gigantesque rafle organisée en 1942 résulte directement du projet de solution finale. « La conséquence pratique de la décision d’exterminer les juifs, c’est que leurs appartements et leurs biens se retrouvent vacants. L’idée rationnelle consiste à tout récupérer à destination des Allemands démunis après les bombardements alliés », explique l’historien Jean-Marc Dreyfus. « L’opération est remarquablement organisée dans le contexte de la collaboration franco-allemande, avec un but très précis : le coût minimum », ajoute Sarah Gensburger, historienne et sociologue.

 

Rien ne se perd pour le régime nazi

De ce programme conçu au plus haut niveau du Reich, il ne reste aucune trace administrative mais des photos et plusieurs témoignages. Parmi eux, le récit éclairant de Maurice Wolf, jeune résistant juif d’origine polonaise. En 1943, il est interné de force au camp d’Austerlitz (dans le 13e arrondissement), l’une des trois annexes parisiennes du camp de Drancy avec Bassano (16e ) et Lévitan (10e ). Dans un immense hangar désaffecté, 300 personnes, qui ont échappé à la déportation grâce à leur statut de « demi-juifs » ou de conjoints d’aryen, travaillent au tri d’objets récupérés dans les logements parisiens vidés de leurs habitants : fourchettes, ampoules, chaussures, jouets, porcelaine, instruments de musique… Rien ne se perd pour le régime nazi.

« Je pensais aux juifs à qui appartenaient ces livres collectionnés avec amour, qu’ils avaient caressés comme je pouvais le faire moi-même », écrit Maurice Wolf. Pour Roger Meyer, 23 ans à l’époque, toucher à ces paquets de lettres encore nouées d’un ruban ou ces lunettes abandonnées dans la précipitation s’apparentait au « dépeçage d’un corps vivant ». A Paris, les internés ont bien tenté de saboter l’opération en dégradant volontairement les objets passés entre leurs mains. Mais la machine éradicatrice était lancée.

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