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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

3 janvier à 22 h 55 sur Arte : Vivien Leigh, autant en emporte le vent. Retour sur la vie d'une artiste à part...

Maniaco-dépressive depuis l’enfance, celle qui incarna Scarlett O’Hara eut un destin aussi chaotique que celui de ses héroïnes. Pricilla Pizzicato lui a consacré un documentaire bien mené, diffusé sur Arte.

 

Quand, à la fin des années 1940, les démons de Vivien Leigh commençaient à prendre le dessus, Laurence Olivier, le grand amour de sa vie, se présentait ainsi, d’une voix sans tendresse : « Je suis l’homme qui a épousé Scarlett O’Hara. »

Née Vivian Mary Hartley en 1913 à Darjeeling, perle des Indes sous domination anglaise, Vivian n’a que 6 ans quand ses parents l’envoient dans un couvent pour jeunes filles dans la banlieue de Londres. Elle s’y distingue dans les spectacles de fin d’année et annonce son désir d’être une « grande actrice », alors que les religieuses s’inquiètent : la petite fille a d’étranges sautes d’humeur… Après plusieurs autres pensionnats (en France notamment, d’où son français remarquable), la voilà inscrite, en 1932, à 19 ans, à la Royal Academy of Dramatic Art, et déjà mariée à un avocat qui ressemble au pâlichon Leslie Howard – futur interprète d’Ashley, dont Scarlett reste entichée, au grand dam de Rhett Butler.

Laurence Olivier, bouche bée

Elle fuit vite cette vie rangée pour de petits rôles sur les planches, jusqu’à ce 5 mai 1935 et la première de la pièce Le Masque de la vertu, où elle met le Tout-Londres à genoux. Le lendemain, le réalisateur et producteur Alexander Korda lui propose un contrat de cinq ans au cinéma. Un certain Laurence Olivier est lui aussi resté bouche bée devant sa performance. Dès l’année suivante, les futurs amants tournent leur premier film ensemble, L’Invincible Armada, produit par Korda.

Hollywood désire ardemment le meilleur acteur shakespearien de sa génération pour incarner Heathcliff dans Les Hauts de Hurlevent, mais ne veut pas de Vivian, devenue Vivien Leigh. Taratata, si c’est ainsi, il y a justement un rôle que toutes les actrices américaines rêvent de décrocher : celui de l’héroïne du best-seller de Margaret Mitchell. Une Britannique inconnue dans la peau de la sudiste d’Autant en emporte le vent ?

A priori, Vivien n’a aucune chance, mais elle se sent si proche de la fougueuse héritière de Tara qu’elle réussit à attirer l’attention du producteur David O. Selznick, et qu’elle finit, sur un unique bout d’essai, par arracher le rôle face à mille candidates, dont Bette Davis et Katharine Hepburn. Sur le tournage, le réalisateur Victor Fleming lui reproche d’être « trop lady » dans son interprétation. Le lendemain, elle débarque le corsage de son costume déchiré et la poitrine à l’air en demandant : « C’est assez salope pour vous, ça ? » Et la « salope » remporte l’Oscar en 1940.

Cette même année, elle commence à jouer triomphalement le répertoire de Shakespeare au théâtre avec Laurence, devenu son mari. Mais une question ronge « la plus belle femme d’Angleterre » : est-il meilleur acteur qu’elle ? Pour se mesurer à lui, elle privilégie les films où elle est sa partenaire, comme Lady Hamilton, d’Alexander Korda (1941), sur la résistance de l’amiral Nelson face à Napoléon : un film qui redonne du courage aux Britanniques face à Hitler, et dont certains dialogues auraient été écrits par Winston Churchill (voir le remarquable documentaire Quand Churchill faisait son cinéma, sur Histoire TV et en replay).

Des rôles d’héroïnes qui flirtent avec la folie

En 1944 la victoire est proche, mais pour Vivien c’est déjà le début de la fin. Enceinte sur le plateau de César et Cléopâtre (1945), elle glisse et perd l’enfant. Les médecins diagnostiquent un début de tuberculose. Sa fausse couche, de plus, a réveillé sa maniaco-dépression, enfouie depuis l’enfance.

Elle se met à collectionner les rôles d’héroïnes au destin tragique, flirtant avec la folie : Anna Karénine (Julien Duvivier, 1948) et bien sûr la sublime et désaxée Blanche Dubois d’Un tramway nommé Désir (1951). Deuxième Oscar, mais aussi internements psychiatriques, et finalement divorce en 1960. La tuberculose finit par l’emporter le 7 juillet 1967, à l’âge de 53 ans. Le lendemain, tous les théâtres londoniens éteignent leurs enseignes quelques instants en mémoire de son talent insensé.

 

 

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