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Chez Jeannette Fleurs

“Je m'intéresse à tout, je n'y peux rien.” Paul Valéry. Poussez la porte de la boutique : plus de 2.200 articles.

13 août 1899. Naissance d'Alfred Hitchcock à Leytonstone (Londres)

Demander à un homme qui raconte des histoires de tenir compte de la vraisemblance me paraît aussi ridicule que de demander à un peintre figuratif de représenter les choses avec exactitude.
Alfred Hitchcock

Alfred Hitchcock est aujourd’hui une légende incontestée tant du polar que du cinéma. Sa marque fut tellement reconnue qu’elle est à l’origine d’un mot «hitchcockien» pour décrire un suspens ahurissant. Récompensé par 5 oscars, auteur de chefs d’œuvre tels que La mort aux trousses, Psychose, il fut à l’origine de beaucoup des codes du polar.  Un des plus grands réalisateurs de tous les temps, surnommé à juste titre le «Maître du Suspense».

Alfred voit le jour le 13 août 1899 dans la petite commune de Leytonstone, à l’est de Londres. Il est le dernier d’une famille de 3 enfants. Sa famille est loin d’être aisée: son père et sa mère tiennent ensemble une épicerie. Dès son plus jeune âge, le jeune Alfred paraît différent des autres. Il préfère jouer seul. Il se retrouve souvent isolé, parfois même sans ami comme il le raconte parfois. Sa première expérience avec les policiers est traumatisante. A l’âge de 4 ans, son père l’envoie avec un mot au commissariat. Le jeune Alfred est enfermé dans une cellule, puis relâché, en guise de leçon.

En 1914, son père décède. Alfred est alors obligé de chercher du travail. Il entre dans une école d’ingénieurs avec pour but de devenir graphiste. Sans le savoir, il approche alors de sa future carrière de cinéaste. 7 ans plus tard, c’est en effet son trait de crayon qui lui permet d’être embauché par des studios américains, pour lesquels il dessine des intertitres. C’est sa première incursion dans le domaine du cinéma. Il n’en sortira plus jamais.

Montrant rapidement ses talents, il est choisi comme assistant réalisateur en 1923. Il commence alors vraiment sa formation. Il fait des séjours en Allemagne pour s’imprégner des notions de décor et de scénario. Bientôt vient la récompense. En 1926, Michael Balcon, dont il est le second, lui propose de tourner son premier film. Il est loin d’être une réussite, et est d’ailleurs refusé par les distributeurs. Néanmoins, on sent déjà la patte du futur grand à travers des plans originaux. Sous le jeune Alfred perce déjà l’incroyable Hitchcock.

DE LONDRES À HOLLYWOOD

​​​​​​Car la chance va bientôt tourner. Le Jardin du Plaisir, son premier film sort finalement en 1927. A la surprise générale, c’est un succès, et Hitchcock est aussitôt considéré comme «un jeune homme de génie» par le puissant Daily Express. Son second film refusé, les Cheveux d’Or sort dans la foulée. La réussite est encore plus importante. Déjà, Hitchcock se pose en patron du polar. Sa première œuvre raconte en effet la traque de l’Avenger, un redoutable tueur en série qui tue des jeunes filles blondes.

Les films suivants ne sont cependant pas à la hauteur de ce que la critique espère. Hitchcock se sait attendu. En 1929, il en est déjà à sa dixième production. Chantage est une étape importante dans sa carrière, et est à nouveau un polar. Le film retrace l’histoire de Frank Webber, détective de Scotland Yard cherchant à couvrir sa fiancée coupable d’un meurtre. Il s’agit du tout premier film parlant britannique, une toute nouvelle technique importée des Etats-Unis. Le succès est immédiat, les gens se passionnent pour cette innovation audacieuse.

Alfred Hitchcock

C’est un tournant dans sa carrière, et les réussites s’enchaînent. la récompense ne se fait pas attendre. Sa réputation est telle que vers la fin des années 1930, le grand Selznick lui-même lui fait une offre qu’Hitchcock ne pourra pas refuser. Venir travailler aux Etats-Unis, à Hollywood, l’endroit même où le cinéma est né, ou presque. Le 14 juillet 1938, le contrat est conclu. Hitchcock verra le Nouveau Monde, pour 40.000$ par film. Il trouve enfin des moyens à la mesure de son immense talent.

Les premiers pas d’Alfred Hitchcock dans le cinéma américain sont fracassants. Son premier film aux Etats-Unis, Rebecca est tourné en 1940 alors que la Seconde Guerre Mondiale frappe déjà l’Europe durement. Il est néanmoins un triomphe sur toute la ligne. Il remporte 2 oscars, dont celui de meilleur film. Le plus magnifique, c’est que ses débuts, s’ils sont prometteurs, ne restent que des débuts. Le meilleur est en effet à venir.

DE RÉALISATEUR À PRODUCTEUR

 Le premier grand thriller d’Hitchcock dans son nouvel environnement est Soupçons, sorti un an plus tard. Le casting est remarquable: Joan Fontaine, qui remporte l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle, y donne la réplique à Cary Grant. L’histoire est simple: une jeune femme est séduite par un joueur aussi charmeur qu’oisif dans un train. Au retour de leur nuit de noces, celle-ci se pose des questions sur la vraie personnalité de son mari, qu’elle soupçonne d’être un meurtrier.

En 1942, la Cinquième Colonne rencontre un franc-succès. Il s’agit d’une course-poursuite entre un ouvrier accusé à tort de sabotage, et le vrai saboteur. L’Ombre d’un doute, en 1942 reprend un thème familier du cinéaste: une jeune fille y soupçonne son oncle qu’elle adore d’être un tueur de vieilles dames. Alfred Hitchcock fait alors preuve d’une activité folle, tournant presque un film par an pendant la guerre. Pour presque autant de récompenses, et de succès au box-office.

Alfred Hitchcock

A la fin de la guerre, Hitchcock est lassé de l’emprise qu’a Selznick sur lui. Son producteur amasse en effet des fortunes sur son travail, et qui plus est, se permet de lui faire des recommandations et des critiques. Il décide alors de voler de ses propres ailes. Après Le Procès Paradine, un échec pour les critiques, Hitchcock quitte définitivement son mentor. Il produira désormais ses films lui-même.

Son premier film en tant qu’indépendant annonce clairement la couleur. Il est en effet intitulé rien de moins qu’Alfred Hitchcock’s Rope, La corde d’Alfred Hitchcock. Cela montre toute la fierté du réalisateur. Comme d’habitude, ce film marquant dans sa carrière est un polar. Inspiré d’une histoire vraie, il raconte le meurtre d’un jeune homme par 2 de ses camarades. Violent, le film est censuré et son influence mitigée. Mais Hitchcock n’en a cure. Il croit en son destin. Et il a bien raison. 

 

LE COMBAT DES CHEFS D’OEUVRE

C’est la rencontre avec une autre pointure du polar qui va offrir à Hitchcock sa première victoire en tant que producteur-réalisateur. Emballé par le premier roman d’une certaine Patricia Highsmith, qui fait alors ses débuts, le réalisateur décide de l’adapter. L’histoire est devenue depuis un classique. Un inconnu propose un arrangement à un champion de tennis: si celui-ci tue son père, il tuera sa femme bien gênante. Quelques jours plus tard, alors que le héros n’a pas donné son accord, sa femme est assassinée.

2 ans plus tard, en 1953, c’est un autre polar d’Hitchcock qui va rentrer dans l’histoire du cinéma, ne serait-ce que pour son titre: Le crime était presque parfait. Adapté d’une pièce de théâtre, le film raconte l’histoire d’un mari trompé qui souhaite assassiner son épouse. Il s’agit de la première apparition marquante de Grace Kelly, future souveraine de Monaco. Dès sa sortie, le film est considéré comme un chef d’œuvre.

Le crime était presque parfait

Hitchcock est alors au sommet de son art. Fenêtre sur cour, son nouveau projet, est un succès tout autant phénoménal. Contant les mésaventures d’un photographe cloué au lit chez lui, témoin inattendu d’un meurtre, le film est nominé pour 4 Oscars, mais n’en gagne aucun. Peu importe, la reconnaissance du public et des critiques est là. Les réussites se succèdent à un rythme fou, avec presque que des polars  aux titres explicites: La Main au Collet, Mais qui a tué Harry?, l’Homme qui en savait trop, ou encore Le Faux Coupable.

En 1958, sort Sueurs Froides, souvent considéré comme l’un des meilleurs films du réalisateur. Mais la Mort aux Trousses sorti en 1959 marque encore plus les esprits. Roger Tornhill, interprété par Cary Grant est pris par erreur pour un espion international, poursuivi par des individus aussi dangereux que mystérieux. Le succès est au rendez-vous. Alfred Hitchcock a désormais fait ses preuves, et est au sommet de son art. Il n’a plus aucune pression, et peut désormais avoir les projets qu’il souhaite. Toujours plus mystérieux, plus inquiétants, et pleins de suspense.  

 

LE MAÎTRE DU SUSPENS EN SUSPENS

Son film le plus célèbre paraît lui en 1960. Psychose reste en effet comme l’une des plus grandes réussites d’Alfred Hitchcock. Le personnage de Norman Bates, tueur compulsif et perturbé, est encore aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands méchants de toute l’histoire du cinéma. Si les réactions immédiates sont parfois sceptiques, le temps se charge vite de donner à l’œuvre la place qu’elle mérite au gotha du cinéma.

Les Oiseaux un an plus tard, achève de le placer comme un grand réalisateur. Mais ses principales réussites sont alors derrière lui. Cependant Hitchcock ne reste pas cantonné au cinéma. Sa grande passion engloutit en effet beaucoup de temps et d’argent. Pressé par les dettes, il accepte de prêter son nom à une série télévisée. Débutant en 1955 sous l’appellation Alfred Hitchcock présente, la série devient vers 1962 Suspicion. Les histoires sordides et policières reprennent les principaux thèmes du cinéaste.

Fenêtre sur cour

A l’époque, son influence est néanmoins déclinante. Tout grand réalisateur qu’il soit, Hitchcock dépend en effet beaucoup du cinéma américain lui-même. A l’époque, l’apparition de la télévision attaque durement le 7ème art. De plus, les proches du génie disparaissent. Ses plus fidèles compagnons, Bernard Herrman à la musique, et Robert Burks à la photographie, souvent récompensés, meurent au milieu des années 1960. En 1978, après plusieurs échecs, Hitchcock tente de revenir sur le devant de la scène avec un projet ambitieux, The Short Night, un récit d’espionnage. Hélas, le tournage est un désastre, et Hitchcock se retire. Le film ne sera jamais terminé.

Si l’homme prend sa retraite et disparaît du décor, ce n’est pas le cas de ses idées, et de ses œuvres. L’idée même de suspense est si liée à Hitchcock qu’il en devient «hitchcockien» quand il est particulièrement réussi. De nombreux polars rendent hommage au maître, tel Pyscho de Gus Van Sant, en 1998. Mais aucun n’aura jamais le même succès populaire. Le 29 avril 1980, c’est donc bien un génie du cinéma et du polar qui s’éteint, quelques mois après son dernier film.

 

ALFRED HITCHCOCK EN QUELQUES DATES

  • 1899: Naissance dans une commune pauvre près de Londres.
  • 1926: Le jardin des plaisirs, première réalisation d’Hitchcock.
  • 1938: On propose à Hitchcock de partir aux Etats-Unis. Il accepte et cède aux sirènes d’Hollywood.
  • 1941: Soupçons, premier thriller d’Hitchcock aux USA. Grand succès, Joan Fontaine remporte l’Oscar de la meilleure actrice.
  • 1948: La Corde, premier film d’Alfred Hitchcock en tant que producteur, après son divorce d’avec son mentor Selznick.
  • 1953: Le crime était presque parfait.
  • 1958: Sueurs Froides
  • 1960: Psychose
  • 1978: Embourbé dans le tournage de The Short Night, un film d’espionnage, Hitchcock renonce, et décide de prendre sa retraire.
  • 1980: Meurt à 81 ans à Los Angeles.

BIBLIOGRAPHIE

  • Hitchcock
    François Truffaut
    ​​​​Gallimard
     
  • La vraie vie d'Alfred Hitchcock
    Donald Spoto
    Ramsay Poche Cinéma
     
  • Hitchcock, 
    Bruno Villien
    Rivages/Cinéma

 

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